lundi 20 octobre 2008

Hommage à Van Gogh





De l’oreille coupée à la balle qui siffle


De la mine à charbon jusqu’à ce champ de blé


La folie pour salaire de la lucidité


Quand les dieux irrités par le jeu des lumières


Ont craché sur la vie leur trait d’obscurité



Théo dans Arles la Romaine


J’ai bu des soleils bleus à m’en crever les yeux


Et le jaune des chaumes plus brûlants que l’été


Le vert de l’olivier qui se tord en besogne


Le rouge du couchant à la pulpe orangée


Le violet l’indigo aux franges des nuages


Et j’entrais dans ce spectre tout prêt à m’y noyer



Ces couleurs irisées qui passaient par ma gorge


Eclataient sur ma toile en tournant sans arrêt


Théo dis leur que je ne suis pas fou


Mais j’ai pour la couleur cet amour qui m’inonde


Je la cherche la nuit et sors pour la traquer


Sur mon chapeau de paille j’ai placé des bougies


Et j’ai peint cette place dans un ton très bleui



Théo j’hallucine ou je rêve


La lumière est entrée et n’en peut plus sortir


Les vitraux de mon cœur s’éclairent de facettes


Et chacune rayonne d’infinis coloris


Peindre peindre peindre accentuer la ligne


L’expression de la vie fulgurante tragique


C’est peindre dans un cri et c’est voir dans l’oblique



Théo envoie-moi quelques francs tu sais que je ne vends


Pas une seule toile



Auvers était d’un gris d’ardoise les maisons se penchaient


Des corbeaux esquissés sur de maigres semailles


Une église dansait sur un rythme endiablé


La lumière avait pris ce jour-là son congé
Le vingt-sept juillet 1890 un coup de pistolet